Elles sont respectivement Directeur Général du groupe et responsable des ressources humaines. Carole Bisbau et Elsa Poitrot se sont confiées sur leurs parcours, leurs responsabilités et leurs façons d’appréhender leur métier et le monde dans lequel elles évoluent, à l’occasion de la journée Internationale des droits des femmes. Deux belles rencontres – de celles qui vous enrichissent – à lire ici.
Carole Bisbau, Elsa Poitrot, vous occupez toutes les deux des postes importants chez Vitalis Group, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de qui vous a permis d’en arriver là ?
Carole Bisbau : J’ai 47 ans, je suis dans le monde du travail depuis près de 30 ans, et depuis le départ, je suis au contact des clients, c’est dans mon ADN professionnel ; et c’est important parce que ça a été extrêmement formateur, c’est ce qui m’a permis d’avancer. Cela fait deux ans que je suis arrivée chez Vitalis Group et un an que j’ai pris la Direction Générale de l’entreprise, j’en suis ravie ; et je dois dire que je ne pense pas être arrivée là par hasard. C’est un parcours, un ensemble de choix, et des rencontres, aussi, qui ont été déterminantes. Notamment une. La rencontre avec une femme inspirante, qui m’a ouvert la voie : Isabelle Parize. Travailler aux côtés de cette femme a été l’une des expériences les plus enrichissantes de ma vie professionnelle. Son exigence est « dingue » mais j’en suis sortie plus forte. J’ai appris pendant sa gouvernance plus qu’en 20 ans de métier. C’est elle qui m’a donné envie de grandir dans la voie du management d’équipe. Lorsque l’on rencontre des personnes comme elle, inspirantes à ce point, on comprend qu’il y a finalement peu de chose qui sont impossibles…
Je sais aujourd’hui qu’il faut toujours se remettre en question pour construire, et grandir. Et c’est ce à quoi j’aspire : continuer à accompagner mes équipes et les gens autour de moi du mieux possible, tout en me réalisant professionnellement. C’est ce qui me permet de m’épanouir dans ce poste à 360 degrés. Simplement, il faut garder en tête que rien n’est impossible, et toujours s’autoriser à repousser les limites.
Il faut garder en tête que rien n’est impossible et toujours s’autoriser à repousser les limites
Elsa Poitrot : Personnellement, j’occupe un poste qui me passionne et dans lequel je m’épanouis pleinement. Je suis issue d’un parcours « communication et marketing », mais je me suis naturellement dirigée vers les ressources humaines ensuite pour prendre le poste et les fonctions que j’occupe actuellement depuis 6 ans chez Vitalis Group.
J’ai été sans nul doute influencée par mes parents, tous deux ayant des profils RH (ma mère consultante en outplacement RH et mon père ancien DRH), c’était finalement une évidence pour moi ! Je me souviens d’échanges, de débats entre mes parents sur des cas humains, comment gérer telle situation pour tel profil, telle carrière et tel projet pour l’entreprise… Cela m’a inspirée, et traiter des « richesses humaines », faire avancer l’entreprise, me semblait être un vrai beau challenge! Je pense avoir personnellement une bonne capacité d’écoute, d’observation et d’empathie, essentiels pour un poste en ressources humaines.
Aujourd’hui j’ai 39 ans, et, après une belle carrière dans les enquêtes de terrain, j’apprécie désormais d’avoir une double casquette au sein de Vitalis Group (responsable de la partie terrain, et responsable des ressources humaines). Être à la fois responsable des ressources humaines, et manager d’équipe ouvre un vrai champ des possibles. Ce poste me permet de véritablement développer des compétences en matière de relation et expérience client, en accompagnement, mais aussi dans le domaine du recrutement. Résultat : je n’ai pas de journée type, et je profite de cette part d’improvisation, très agréable dans mon travail quotidien.
On parle de « touche féminine » en cette journée Internationale des droits des femmes, pensez-vous qu’elle existe et en quoi serait-elle un plus dans votre activité
EP : Il faut reconnaître que, dans le milieu des Ressources Humaines, la touche féminine est déjà très présente. 63% de professionnelles RH sont des femmes. Donc cette touche existe à la base, et ça n’est pas un hasard. Il faut des qualités de bienveillance, une bonne dose d’intuition, et une capacité à être dans la nuance qui est à mon sens davantage propre aux femmes. Je pense personnellement être à l’écoute des gens, j’essaie de les comprendre en tous cas. D’ailleurs, pour faire ce métier, il faut savoir relativiser et faire la part des choses ; mais malgré ces compétences évidentes, nous ne sommes pas encore aux postes clefs. Au niveau des postes de direction RH, le pourcentage de femmes dégringole, et c’est dommage.
Malgré des compétences évidentes , les femmes ne sont pas encore aux postes clés
CB : Nous sommes peut-être une peu plus sensibles. Nous maîtrisons mieux la nature de nos émotions, et je crois que nous sommes plus réceptives à celles des autres. Dans le travail, au quotidien c’est évidemment un plus, d’autant que chez Vitalis Group puisque nous sommes concentrés sur la relation client ; or, on le sait aujourd’hui, tout est basé sur l’émotion. L’empathie, l’écoute sont indispensables, et ce côté intuitif, il me semble que nous l’avons assez naturellement.
Quel conseil donneriez-vous à de jeunes femmes qui voudraient se lancer dans le métier ?
CB : Je leur dirais d’être elles-mêmes et ne pas avoir peur de faire les choses. La peur ne doit pas les empêcher d’avancer, d’aller chercher leurs rêves, d’essayer d’atteindre leurs objectifs. En réalité, une fois que l’on a surmonté ses craintes, on se rend compte que beaucoup de choses sont accessibles. Il ne faut pas se freiner, aller au bout de ses envies, en se donnant les moyens d’y parvenir, et tout devient possible.
Si j’avais un conseil à leur donner donc, ce serait d’avoir foi en elles, qu’elles aient la capacité de penser qu’elles peuvent arriver à réaliser de grandes et belles choses, aussi bien dans leur carrière professionnelle que dans la vie en général. Il ne s’agit pas de toujours vouloir se prouver qu’on peut faire plus, mais simplement d’intégrer au fond de soi l’idée que si on veut, on peut. Mais attention ! On ne fait rien sans transpirer ; on n’a jamais vu des sportifs parvenir à l’exploit sans « mouiller le maillot » !
EP : Je crois qu’il ne faut surtout pas se mettre de barrière en se disant ce n’est pas pour moi, notamment pour tout ce qui est concerne la partie expérience professionnelle. Les femmes doivent avoir conscience qu’elles peuvent se lancer sur le terrain, être force de proposition en entreprise et ce dès leur 1er stage. Les jeunes femmes ont souvent les bons diplômes, de belles réussites niveau études mais pas toujours suffisamment d’expérience concrètes de terrain alors que selon moi cela compte réellement sur un CV au départ. Il faut donc oser s’aventurer dans des projets d’écoles, d’associations, savoir s’impliquer en entreprise, pour être très vite face à des problématiques concrètes d’entreprise et pouvoir valoriser cette expérience de terrain pour se démarquer au-delà de la connaissance et des diplômes.
Que représente à vos yeux cette journée internationale du droit des femmes ?
Elsa Poitrot : J’avoue ne pas être très à l’aise avec la récupération qui est faite de cette journée : toutes les dérives qui visent à en faire une journée commerciale comme la Saint-Valentin ou la fête des mères, me semblent déplacées. Cette journée Internationale du droit des femmes devrait surtout être un symbole : une vraie piqûre de rappel pour tout ce qu’il y a encore à faire concernant nos droits fondamentaux. Je pense aux inégalités de salaire, je pense aux évolutions de carrières des femmes lorsqu’elles sont aussi mère de famille, je pense à leur accès aux postes de direction. Et je crois que ça commence par ma vision des ressources humaines, aussi je m’applique, ici chez Vitalis Group, à faire régner l’égalité entre tous, d’autant que bons nombres de nos salariées ont entre 25 et 40 ans.
Il est hors de question pour moi de pénaliser des femmes parce qu’elles sont enceintes. Nous mettons un point d’honneur à faciliter leurs retours, et à les accompagner dans leurs changements de vie. En tant que femme, je crois qu’il est essentiel de prendre conscience que nous devons nous soutenir pour ne pas reproduire des schémas qui nous desservent, ou nous ont desservies par le passé. Il faut les faire vivre, ces droits fondamentaux.
Carole Bisbau : D’abord laissez-moi vous dire que l’on devrait les célébrer 365 jours par an, les femmes ! Mais je ne suis pas déçue pour autant que cette journée existe, au contraire. Cela nous permet de ne pas oublier que si nous en sommes là aujourd’hui, c’est parce que des femmes se sont battues avant nous pour que ce soit possible. Mais cela nous met également en face d’une triste réalité, à savoir qu’aujourd’hui encore, en 2020, nous sommes obligées de parler fort ou de taper du poing sur la table pour être reconnue comme l’égale de l’homme. Et ça, ça n’est pas normal.
Postes clefs, rémunération, conditions de travail : sur des éléments très factuels il existe encore de vraies inégalités. Pour accéder à des postes haut placés aujourd’hui il faut mener un véritable combat pour s’imposer, combat qui se joue sur la personnalité, l’opiniâtreté, les compétences ; là où ce sera beaucoup plus évident pour un homme. Hélas, la parité n’est pas encore une réalité, pourtant, on aurait tous à y gagner.